L'histoire de Camélia ...


Camélia n’a qu’un an lorsqu’elle est victime d’une première fracture de l’humérus, fin 94, et qu’on l’emmène aux urgences. Quelques semaines plus tard, nouvelle fracture, au bras, puis une autre, et encore une autre… Les médecins décident alors de la garder en observation. Pendant neuf jours, les parents vont être tenus à l’écart sans aucune explication. Nordine, le père de Camélia se souvient : « Les médecins étaient très froids avec nous et un jour, sans nous dire pourquoi, ils nous ont dit qu’on devait rencontrer une assistante sociale, pour parler… ». Interpellés par les fractures à répétition de l’enfant, les médecins signalent au procureur de la République de Vienne leurs soupçons de maltraitance, et le 5 septembre 1995, un juge pour enfants ordonne le placement de Camélia dans un centre d’aide sociale à l’enfance pour une durée de six mois. Pour les parents, c’est le choc, puis la honte.

Séparés de leur petite fille, les parents ne peuvent venir la voir que quelques heures. Mais au cours de son séjour en foyer, Camélia est victime d’une énième fracture. Pour le médecin, les accusations de maltraitance ne tiennent plus. Au bout de 2 mois, les parents de Camélia obtiennent une mainlevée de la mesure de placement et emmènent leur fille à l’hôpital Necker à Paris. Il ne faudra alors que 15 minutes aux médecins pour affirmer qu'elle souffre d’une ostéogenèse imparfaite.

En mettant un nom sur les fractures inexpliquées de leur fille, les médecins parisiens lèvent les soupçons que l’hôpital Debrousse faisait peser sur les parents de Camélia. Dans le même temps se pose la question de savoir comment les praticiens lyonnais n’ont pas su déceler la maladie, alors que l’ensemble des spéciales internationaux affirme qu’une simple radio du crâne suffit à repérer l’anomalie génétique.

Les parents de Camélia vont alors ouvrir une procédure judiciaire à l’encontre de l’hôpital Debrousse. Objectif : montrer que les Hospices civils de Lyon sont « entièrement responsables des conséquences dommageables de la tardivité du diagnostic ».

En première instance, la Justice refuse de juger les Hospices civils de Lyon, responsables de la tardiveté du diagnostic. Idem en mai 2002, quand le tribunal administratif rejette la demande de réparation de préjudice. A l’époque, un rapport d’expertise médical établit « que les soins et les traitements ont été parfaitement consciencieux, attentifs et conformes aux données acquises de la science ». Mais pour les parents de Camélia, « cet expert, spécialisé en orthopédie et en traumatologie, est un médecin du sport et pas un pédiatre, ni même un spécialiste des maladies génétiques ».

Les parents ont fait appel de cette décision et le président de la cour administrative d’appel de Lyon, en demandant la nomination d’un deuxième expert, montre sa détermination à comprendre si oui ou non, les médecins lyonnais étaient en mesure, en 1995, de diagnostiquer la maladie des os de verre de Camélia, qui reste une pathologie exceptionnelle ne touchant qu’un enfant sur 15000.

Aujourd’hui, Camélia a suivit un traitement canadien ayant pour but de consolider ses os. Le père et la mère, eux, attendent de la Justice qu’elle répare leur honneur en reconnaissant que cette bavure, à supposer qu’elle ne soit pas condamnable, a quand même quelque chose d’inacceptable.